En attendant la CITRA 2010… Accès et sécurité aux archives électroniques : quelle incidence sur la profession d’archiviste ?

NB : ce billet décrit une situation qui est loin d’être répandue!

L’organisation de la CITRA 2010 à Oslo aborde une problématique fondamentale de notre travail en archivage électronique. Je ne peux que me féliciter de l’importance prise par les questions d’accès et de sécurité liées à l’archivage électronique. J’en parlais dans un précédent billet, mais il s’avère que le sujet est d’autant plus problématique qu’il remet en perspective le travail accompli en tant qu’archiviste. En effet, il renverse notre conception même du métier (en France en tout cas). Il est évident que l’importance de la sécurisation des données a entraîné une remise à plat de la production documentaire ces dernières années. Par soucis de pérennité, intégrité, sécurité et traçabilité, les archives électroniques se sont standardisées. A l’origine, il y a les obligations juridiques revêtues par les archives électroniques natives. Le fait que ces obligations soient rappelées dans le Code civil [2] et le Code du patrimoine [3] montre toute l’importance du « caractère probatoire » de ces archives.  L’archiviste est alors obligé de repenser sa manière de travailler. Comme pour les archives papier, il faut inventer des outils capables de garantir au juge que ces archives électroniques sont « authentiques ». Ces outils prennent le nom, entre autres, de la norme NF Z42-013 [4]. Le Records Management est aussi une solution apportée aux problèmes: la gestion des archives courantes et intermédiaires est devenue indissociable du travail d’archivage électronique afin d’avoir une plus grande maîtrise de la gestion du cycle de vie.

La valeur probatoire des documents électroniques : quelle incidence pour la profession ?

Jusqu’à présent, avec les archives papier, l’archiviste prenait en charge les documents une fois produits et devait adapter le classement aux subtilités de l’administration française [1]. L’archivage électronique conduit à modifier profondément cette perspective. La mise en place du SEDA et l’adaptation au modèle OAIS, le support informatique même, conduit l’archiviste à intervenir plus en amont sur la production des documents. L’archiviste n’est donc plus uniquement celui qui façonne la production administrative, il est celui qui la crée ! Il adapte la production à l’archivage, l’administration restant tout de même initiatrice. Loin d’être « sous la poussière » pour paraphraser un autre archivoblogueur, l’archiviste est en train de devenir, grâce à l’archivage électronique, le « créateur » des archives qu’il va conserver… Il n’y aura donc plus aucune raison de se plaindre que ce registre (ou cette liasse d’archives) ne rentre pas dans la boîte de conservation « standardisée »…

ML

PS : J’ai hâte de lire les premiers rapports de la CITRA 2010. Bon vent aux Reporters Volants ! Et un petit aperçu du port d’Oslo pour ceux qui restent en France…

©Quistnix. Wikipédia France

[1] Je m’exprime en tant qu’archiviste qui s’occupe des archives publiques.

[2] Code civil, art. 1316-1.

[3] Code du patrimoine, art. L-211.2.

[4] Ne voyez pas chez moi une quelconque obsession autour de cette norme !

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