Question de vocabulaire: archivage électronique ou digital preservation?

J’ai toujours eu du mal à travailler (dans n’importe quel contexte d’ailleurs) sans m’interroger sur le sens des mots et des expressions que j’utilise. Cette question me paraît encore plus importante dans le domaine de l’archivage électronique où de nombreux termes constituent une source d’ambiguïté.  Les ambiguïtés existent d’abord parmi les archivistes et entre des archivistes et autres professionnels impliqués dans des projets d’archivage électronique dont les informaticiens évidemment mais aussi tous les services producteurs.  Je voudrais m’interroger plus précisément sur le terme « archivage électronique » dans le droit fil des articles que ce blog a consacré à introduire l’archivage électronique et à le définir.  Il ne s’agit pas de revenir sur la définition mais plutôt de confronter cette expression avec celle utilisée en anglais : « digital preservation ».

L’expression « archivage électronique » est plutôt restrictive et ne recouvre pas complètement toute la problématique dont il est question (plusieurs personnes ont d’ailleurs laissé des commentaires à ce sujet dans ce blog). Archivage renvoie dans notre tradition à l’archivage définitif et cela renvoie aussi aux archives et aux archivistes. Pourquoi cela est insuffisant et pourquoi cela est une source de confusion? L' »archivage électronique » commence dès la création des documents numériques natifs ou non natifs qu’il faut préserver, le fait que cela renvoie dans nos représentations professionnelles collectives à l’archivage définitif pose donc problème. D’autre part, ce terme est directement lié aux archivistes, où est donc le problème vous allez me dire? Et bien la préservation des documents numériques ne concerne pas que les archivistes, cela concerne aussi d’autres professions comme les bibliothécaires par exemple. En réalité, le terme « archivage » ne me gêne pas tant que ça parce que je comprends que cette notion recouvre dans l’univers numérique bien plus que le simple archivage définitif (mais je constate que cela est une source de confusion pour les « non initiés »). C’est surtout le terme « électronique » qui me semble inadéquat.  Électronique veut tout simplement dire « quelque chose qui circule dans un réseau informatique »,  je préfère donc utiliser une autre expression que l’on retrouve aussi dans la littérature sur le sujet: archivage numérique. Mais je dois avouer que cela ne me satisfait pas complètement.

Le terme « digital preservation »  que l’on pourrait traduire en français par conservation du numérique (traduction que je n’aime pas vraiment mais c’est parce que j’ai toujours du mal à traduire les termes anglais que j’aime bien)  permet au contraire un usage extensif. Le périmètre que recouvre ce terme est bien plus grand et il nous permet d’inclure facilement le processus de création des documents numériques et le contexte de leur création.  Il ne limite pas la conservation du numérique aux archivistes et élargit considérablement la problématique.  C’est pour cela que j’aime bien le choix du groupe PIN de s’appeler « pérennisation de l’information numérique ». Mais, j’avoue que le terme  de « digital preservation » ne me satisfait pas non plus entièrement parce que malgré tout j’aime bien retrouve l’idée d’ « archives » quelque part … bah oui je n’ai pas la solution! 🙂

Et vous? Vous préférez « archivage électronique » ou  « digital preservation »?

LFH

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3 Commentaires le “Question de vocabulaire: archivage électronique ou digital preservation?”

  1. Regard de Janus 29 novembre 2010 à 23:15 #

    Bonjour,
    Je suis également mal à l’aise avec le terme « archivage électronique ».
    Comme vous, je considère que le terme archivage veut bien ce qu’il veut dire, mais qu’il est en l’état inacceptable/incompréhensible pour les non-archivistes, ce qui est rédhibitoire si l’on considère les problèmes que nous avons à traiter dans ce domaine.
    Je partage partiellement l’avis de Jean-Pierre Blanger dans la mesure ou nous avons a traiter des documents et des données (et non pas des informations qui est un terme trop générique) dont le traitement nécessite des processus différents. D’autre part, le qualificatif électronique est inadéquat et je lui préfère largement le terme de numérique (qui est l’équivalent de l’anglais digital) est qui s’oppose dialectiquement à l’analogique des documents papier (ou vinyl, ou argentique, etc.)
    Je considère qu’en citant la dénomination du groupe PIN vous avez proposé la solution « pérennisation de l’information numérique », que l’on pourrait éventuellement décliner, pour tenir compte des remarques de M. Blanger en  » pérennisation des documents et des données numériques ».
    L’avantage est que la pérennisation est comprise par sécurisation pour les non-archivistes mais qu’elle inclut potentiellement la conservation à long terme (au sens du SAE défini par MoReq), que le fait de citer documents et données signifie les différentes formes (formats) que l’information numérique peut prendre, et que le qualificatif numérique signifie clairement qu’il s’agit de 0 et de 1. Le désavantage, comme souvent dans ce domaine, c’est que cela est bien plus long que « digital preservation ».

    A bientôt.

    • archivesonline 29 novembre 2010 à 23:30 #

      J’aime beaucoup votre constat: « Le désavantage, comme souvent dans ce domaine, c’est que cela est bien plus long que digital preservation » 🙂
      C’est toujours comme ça quand on veut traduire en français un terme anglais et cela finit par devenir drôle! 🙂

  2. Jean-Pierre BLANGER 29 novembre 2010 à 00:42 #

    Bonjour,

    Au risque de paraître trop consensuel, je préfère la terminologie suivante: « Archivage et conservation d’informations et documents numériques ».
    Plusieurs raisons en faveur de cette expression:
    – Archivage, parce l’intention et l’action sont décrites;
    – Conservation, parce la durée est une composante particulièrement délicate à maîtriser;
    – Information et Documents, parce que nous avons la chance de faire la différence n’étant pas anglo-saxons et que les questions posées par ces deux objets s’avèrent parfois de natures différentes;
    – Numérique enfin, parce que vous évoquez l’Archivage électronique et la ‘Digital preservation’ mais il est clair que la continuité du support et du numérique sont aussi à traiter et que ce mot ne fait que qualifier un support particulier ; mais il est encore de nos jours, bon de rappeler que ‘numérique’ suppose des comportement nouveaux et des techniques parfois encore à inventer.
    Nous sommes quelques-uns à réfléchir au-delà de l’archivage et la conservation, à la fonction Document & Information Manager (D&IM). Vous nous trouverez sur : http://dimanager.wordpress.com, alors n’hésitez pas à réagir à nos points de vues et à alimenter pourquoi pas, les bonnes pratiques de ce nouvel acteur.

    Cordialement

    Jean-Pierre BLANGER
    Groupe D&IM – Membre Aproged
    Directeur R&D Ricoh

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