L’archivage électronique et la chaîne de traitement archivistique

Cela fait déjà de nombreuses années que les archivistes réfléchissent à l’archivage de documents produits dans un environnement électronique.  Les premières expériences françaises datent de la fin des années 1970 aux Archives nationales (site de Fontainebleau) qui ont mis en place des procédures de collecte et de traitement des documents numériques. La problématique a pris de l’ampleur au cours des années 1990 et  a connu une nouvelle impulsion durant les dix dernières années dans le contexte du développement des projets de dématérialisation. L’archivage électronique s’est donc généralisé récemment dans un contexte un peu difficile, souvent dans l’urgence face à la mise en place de nombreux chantiers de dématérialisation. Nous avons eu tendance à nous focaliser sur les problèmes techniques. Or, l’archivage électronique n’est pas réductible à sa composante technique. Si l’on se concentre sur les défis tehcniques (qui sont bel et bien réels) on risque de passer à côté de notre métier. On se rend compte aujourd’hui que le vrai défi que nous avons à relever est d’ordre organisationnel: il faut mettre en place des procédures pour maîtriser la production en amont, définir la responsabilité de tous les acteurs de la chaîne de production (DSI, directions métier, services d’archives …), évaluer la production en amont, établir des règles de collecte. En parallèle, il est fondamental de dialoguer avec les éditeurs de logiciels pour s’assurer que les applications métier produisent des données dans un environnement qui offre des garanties suffisantes en termes de sécurité et d’intégrité.  On aura beau mettre en place des procédures, si les applications produisent des données qui ne sont pas fiables, leur collecte n’a plus d’intérêt… Cette dimension est très importante et je travaille beaucoup sur cette question. Mais, j’ai de plus en plus l’impression que face à l’urgence, on se focalise trop sur l’évaluation et la collecte des archives électroniques. Et le reste??? Où est le reste de la chaîne de traitement archivistique? Une fois que la collecte sera mise en place, comment va-t-on gérer nos archives? Il me semble que les solutions dont on dispose aujourd’hui ne règlent pas complètement la partie la plus importante: le coeur de notre métier. N’oublions pas que dans archivage électronique, il y a « archivage »!

LFH

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un commentaire le “L’archivage électronique et la chaîne de traitement archivistique”

  1. ilyena 6 avril 2011 à 12:48 #

    bonjour,
    enfin! enfin ! une voix s’élève pour dire haut et fort ce que pense une partie d’entre nous. Rappelons que l’art. L. 211-1 du code du patrimoine définit bien les archives « quels que soient le format et le support ». Pourquoi, tout à coup, changer de cap sous prétexte qu’il s’agit d’un format électronique ou d’un support numérique ? Pourquoi abandonner totalement des questions archivistiques fondamentales telles que contexte de production, modalités de collecte – je pense en particulier aux applications développées à l’échelon ministériel, avec déploiement à l’échelon déconcentré, pour lesquelles aucune consigne n’a été donnée en terme de collecte, du type : qui prend quoi et où ?
    Une vraie politique d’archivage électronique ne se conçoit effectivement pas uniquement en termes de standard d’échange de données et d’interopérabilité ; si en 1er lieu on n’a pas défini quelles données devaient être collectées, le standard d’échange ne sert pas à grand chose, et créer des plates-formes d’archivage électronique, des SAE, pour qu’ils demeurent vides, ne sert pas à grand chose…
    Au niveau des services déconcentrés de l’Etat, la partie est déjà perdue, faute précisément de ces consignes essentielles. Les services territoriaux doivent donc concentrer leurs forces pour obtenir la création d’un SAE pour les documents électroniques de leur collectivité d’exercice, ce qui d’ailleurs, constitue déjà un beau défi.
    Quant aux archives électroniques de l’Etat, à force d’avoir transféré aux informaticiens la compétence en matière d’archivage, on est arrivé à ce que, effectivement, chaque DSI de chaque ministère s’attribue la compétence de l’archivage des applications maisons. Ainsi, paradoxalement, c’est au moment où son interministérialité est explicitement affichée que l’administration des archives de France a perdu tout contrôle sur l’archivage de la production électronique de l’Etat, précisément sans doute faute d’avoir gardé en tête et fait valoir que dans « archivage électronique », il y a aussi, voire d’abord et surtout « archivage ».
    Notre formation nous a appris à gérer de l’information, à l’analyser, à la décrire, à la communiquer. Pourquoi tout à coup, au nom d’une modernité de façade, abandonner cette compétence pour se mettre à la remorque de spécialistes des questions techniques et tenter de les singer ? Associons nos compétences respectives, c’est le seul moyen de parvenir à quelque chose. D’ailleurs, la présentation de la solution m@rine, le 1er décembre 2010, l’a montré de la manière la plus évidente.

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